vendredi 19 janvier 2018

Arrivée sur le détroit de Magellan : de Puerto Natales à Punta Arenas. Par Agnès, et Solène

Eurêka! Notre ordinateur fonctionne de nouveau.
Incompréhensible, il ne répondait plus depuis le 10 novembre quand nous avions quitté San Pedro d'Atacama. Et voilà qu'hier, alors que Laurent tente une n-ième fois de l'allumer, notre capricieux compagnon daigne enfin redémarrer. Miracle. ça va nous changer la vie : fini le minuscule clavier de téléphone, finis les textes sans accents. Du coup, c'est une pluie de nouveaux articles qui risque d'arriver...

Après une arrivée triomphale le 1er janvier à bord du navire Australis, nous découvrons la ville de Puerto Natales : on est contents de retrouver la terre ferme. Même si la traversée a été magique, on sera contents de retrouver un vrai lit après 2 nuits passées en mer.
On dit au revoir avec émotion aux autres passagers et au personnel de l'équipage. Comme s'ils faisaient partie de la famille. Trop drôle. C'est sûr, 41 heures à bord ensemble avec un passage à 2018, des embrassades avec Feliz anio, Happy new year dans toutes les langues, ça soude les liens ! 

Traversée en ferry : vue depuis le pont.


Arrivée à Puerto Natales
Puerto Natales : changement radical de paysage. Après les fjords, leurs paysages très verticaux et resserrés et les nuages très bas, on a ici une impression d'élargissement : la plaine est entourée de pics enneigés, le soleil éclaire largement l'horizon.

On se pose dans l'hôtel de Francesco, excellente adresse : une famille très sympa, maison conviviale, grande cuisine, jardin pour étendre le linge, bons conseils de Francisco pour les jours prochains. Tout y est.
On est arrivés là par hasard après avoir fait le tour de la ville. Chance incroyable. 
Chez Francisco
Jeu de société avec notre amie australienne Hilary, rencontrée sur la Carretera australe
Poubelle de Puerto Natales : original

On se pose ici jusqu'au samedi 6/01, le temps de faire 2 excursions incontournables, en voiture de location : Torres del Paine et Perito Moreno.
Spectaculaires. Autant l'un que l'autre. 

Le très célèbre parc Torres del Paine est situé à 75km au nord de Puerto Natales, difficile de bouder l'endroit. Même si, après ces quelques semaines de vélo à travers la Patagonie on en a déjà eu plein les yeux. En effet, le détour en vaut la peine. 
Créé en 1959, puis classé réserve de biosphère par l’UNESCO en 1978, le parc est un concentré des merveilles sauvages de la Patagonie. Montagnes vertigineuses, glaciers, lacs, faune,... Mais cet endroit est malheureusement très touristique, trop touristique à nos yeux. Très très fréquenté. On n'est pas prêts encore à arpenter des chemins de randonnée au touche touche.
On ne croise pas de puma. Pourtant, il est bien présent ici, il évolue librement dans le parc mais il est très craintif. On voit juste sur le bas côté des traces très récentes de son passage, et une carcasse toute récente de bébé guanaco -sans doute en cours de dégustation par un puma-. C'est le petit matin il est 7h30, on ne s'approche pas.
Par contre le parc c'est gigantesque, 200 000 hectares. Avec notre voiture de location nous n'en aurons qu'un tout petit aperçu sur la journée; tous ceux qui ont fait le célèbre Trek de 3-4 jours en forme de W le vivent différemment. Plus intensément certainement. Mais ça nous donne déjà un bel aperçu. Un très bel aperçu : nos petites jambes nous amènent à travers un trek de 2 heures en haut du Mirador Cuernos, face au lac Nordenskjöld : pics dentelés du Pinterest, glacier Grey, le paysage est totalement époustouflant.
Sur le chemin du retour, un vent très fort se lève : un vent à décorner les boeufs avec des rafales très violentes. On ne s'entend pas, on a du mal à tenir debout : heureusement qu'on n'est pas à vélo. Les enfants seraient déjà par terre. Je confirme, le vent du sud Patagonie n'est pas une légende. 





Le Glacier Grey







Nous passons la frontière argentine pour rejoindre El Calafate et le glacier Perito Moreno
Le Perito Moreno est un gigantesque champ de glace.
Ce glacier de 30 km de long sur 5 km de large est situé en Argentine, au coeur du Parc naturel Los Glaciares, Pas commode d'accès : ça n'est qu'après 5 heures de route que l'on rejoint El Calafate via le passage frontière et quelques pleins d'essence (boîte automatique et vent de face). Puis 1 heure de plus le lendemain matin pour aller de El Caladate au Perito Moreno : la vitesse sur la route est limitée à 60 km/h ici, risque de croiser des animaux dans le parc.
Des blocs de glace tombent du glacier Perito Moreno.

Le spectacle à l'approche du glacier est saisissant : on voit flotter des icebergs bleu profond  sur le lac Argentina. Arrivés au bout bout de la route, on accède au pied du glacier par des passerelles et escaliers. Il y fait un froid saisissant, vent glacé, tout d'un coup on se croirait au ski en haut des pistes.
Et là, l'instant est magique : c'est un spectacle autant visuel qu'auditif qui nous attend. Ce sont d'énormes CRAC, de sont des blocs entiers de glace qui tombent. 
Emouvant. On est au pied d'un des rares glaciers qui ne recule pas : il continue de s'étendre en avançant de 2 mètres par jour. et il perd presque autant par chutes de glace.


Icebergs sur le lago Argentina
Quelques mètres plus loin, la nature verdoyante. Pays de contrastes.
De retour à Puerto Natales pour rendre la voiture de location, nous reprenons la route le 06/01 à vélo : direction plein sud pour rejoindre Punta Arenas en 5 jours (nous prendrons notre temps, la plupart le font en 2 ou 3 jours). 
Nous faisons nos adieux à la joyeuse équipe rencontrée chez Francisco. Daniel & Isabelle, couple de retraités nantais (encore des nantais!) très sympathiques, nous accompagnent sur les premiers kilomètres. 
Le moment des adieux. De gauche à droite : Daniel & Isabelle, Francisco et son fils, Séverin & Camille, Guillaume. 


Vers le Sud du Sud
à peine sortis de terre, les arbres prennent la forme est-ouest


La ruta 9 après Puerto Natales présente peu d'intérêt, mais on y fait 2 belles rencontres: 


1- une famille de Rénoval, dont la rencontre a été possible grâce à Martin et Maximilien (10 ans) qui nous ont vu passer devant leur maison. Très vite, on nous propose un thé chaud et une maison pour nous installer : accueil vraiment touchant. 
La famille est nombreuse, cousins, oncles et tantes. Constancia qui parle un très bon anglais, se réjouie de nous introduire auprès de tout le monde : le soir, on est invités à se joindre au repas familial dans la salle des fêtes, organisé par son père qui a tué le cochon la veille (140 kg, le cochon!). 
Très vite, les enfants sont intégrés à la vie du village : ils discutent entre eux, jouent, montent à cheval, ils s'organisent entre eux une sortie pêche pour le lendemain matin. Certains feront même le travail de classe avec Joséphine (ils sont pourtant en vacances, mais ravis de voir à quoi ressemblent les livres scolaires en France). 
On sourit avec Laurent, on se regarde satisfaits de nouveau de voir nos enfants si bien intégrés en si peu de temps. Etonnants de simplicité. Nous, adultes, mettons tellement plus de barrières inutiles. Ceci dit, dès le lendemain matin je vois Laurent partir en pick up avec les hommes pour les aider à aller chercher le gravier et à faire le béton pour construire la terrasse de la maison qui nous accueille. On n'a jamais fait le travail de classe dans de telles conditions sonores, rrrrrrrrhh.... mais on s'adapte à tout.

Ici, le rôle des anciens est majeur : c'est la grand-mère de Constancia qui prend les décisions, toute démarche passe par elle, notre présence au repas du village oui/non, notre nuit sur place oui/non, c'est elle que l'on salue au moment de partir le lendemain après-midi. On part tard car les enfants se sentent bien

2- les carabineros (douaniers) de Moro Chico tout prêt de la frontière argentine, qui sur la route nous proposent une maison (juste pour nous!) pour se poser la nuit. En bord de Rio, Cyprien est ravi il va pouvoir pêcher! 
ça, c'est grâce à Isabelle & Daniel qui leur avaient parlé de nous la veille. Tout l'équipe attendait notre arrivée, curieux de votre une famille à vélo.
On s'installe, un carabinero vient nous apporter un thermos d'eau chaude. Puis une petite fille de 4 ans qui habite sur place, fille d'un gradé, vient offrir aux enfants des bonbons. Echange touchant.

Par Solène : 
Rénoval est un petit village où on peut tout faire.Où il y avait toute la famille.
J'ai bien aimé les chevaux, et jouer avec les grandes filles d'Argentine.

à Renoval, on est tous montés à cheval : le cousin de Maximilien, Nalway (17 ans) est gaucho. Il nous a prêté 2 chevaux pour aller faire un tour. 
Le lendemain, pendant la sortie pêche.


Ici, les arbres sont couverts de lichen


Le lendemain, peu après Villa Tehuelches, on bifurque sur la droite pour emprunter une piste plus calme. En effet, la Ruta 9 nous apparaît être beaucoup trop dangereuse : peu de trafic, bien que ce soit l'unique route asphaltée pour rejoindre le sud, mais les voitures et camions roulent vite (90km/h) et l'absence de bas côté nous oblige à nous déporter dès qu'arrive un véhicule.
Le condor des Andes : juste au-dessus de nos têtes!
Belle surprise : la piste est magnifique. Vent de face sur une bonne partie, mais les animaux rencontrés nous consolent vite : familles de nandous, de très nombreux condors, des zorros, moutons et chevaux, et beaucoup beaucoup d'oiseaux. Toujours pas de puma, ouf.
Sur la route de Rio Verde
Le soir, on s'installe dans une des nombreuses cabanes mise à disposition par la municipalité de Rio Verde : cabanon tout équipé avec 1 table, 2 lits, un poële à bois. Parfait pour nous. C'est surtout à l'abri, ici il faut tout faire pour s'abriter du vent qui souffle en rafales toute la nuit. Pas sûr que la tente aurait tenue dans pareilles conditions..

par Solène : 
J'ai beaucoup aimé la petite cabane en bois à Rio Verde.
On a bien dormi.
Les cabanons de Rio Verde
Rio Verde
Le lendemain 10/01, on aperçoit enfin le célèbre Détroit de Magellan ! émouvant. Couloir naturel unique au monde. On ne sait pas si on met les pieds dans une eau davantage Pacifique ou Atlantique.
El estrecho de Magallanes
On longe le détroit pendant un long moment, trouvons un ravissant parc tout équipé (abri pour le vent, espace barbecue) pour planter notre tente. en face du détroit, la classe !

Cormorans sur le Détroit de Magellan
Le 11/01, nous arrivons à Punta Arenas, ville relativement importante : 130 000 habitants. Son histoire n'a commencé qu'en 1848, c'est le 1er peuplement chilien en Patagonie. On y trouve de très belle demeures coloniales, à l'allure majestueuse. On n'est pas habitués en Patagonie à voir une maçonnerie en brique et des toitures en ardoise.

à 53 degrés de latitude Sud, c'est ici, dans la ville la plus au sud du continent américain, que nous terminerons notre périple avant le changement de continent. Sniff. L'amérique du sud aura été un magnifique terrain de découvertes ces 4 derniers mois, avec un grand coup de coeur pour la Patagonie. Nous décollerons le 22/01 pour Auckland via Santiago.

En attendant, nous profitons de ces quelques jours à Punta Arenas pour fréquenter la bibliothèque qui se trouve à 2 pas de notre hôtel, pour avancer le travail scolaire et pour faire les visites culturelles.

Par contre, presque tout est fait à Punta Arenas pour te rappeler que tu es un touriste, surtout les prix plus élevés que partout ailleurs. On savait que la vie était de plus en plus chère en allant vers le Sud, la nourriture, le logement etc, mais certains tarifs sont exhorbitants, complètement indécents : 2000 dollars américains pour aller voir les baleines derrière la péninsule Cordova. Jusqu'à 6000(!) dollars (si si) pour aller en Antarctique. Ils sont fous ! Mais s'ils pratiquent des prix pareils, c'est que la demande est bien là. 

Bref. ça tombe bien, on n'avait pas prévu d'y aller. 
On profite surtout de la ville, du bord de mer, et des musées de la ville : le Musée Naval, le Nao Magellan museo, le musée des Salésiens très intéressant au sein du collège Don Bosco, les maisons coloniales, le cimetière (ça n'est pas le Père Lachaise, mais c'est un très beau cimetière). Edifices imposants, tout est très fleuri, joyeux. La population de Punta Arenas est composée à 50% de familles immigrées croates.

Nous visitons la réplique du bâteau de Magellan, pour que ce morceau d'histoire devienne plus concret pour les enfants. 1519-1522. Expédition titanesque pour l'époque. C'est en voulant rejoindre par l'ouest les îles des épices que Magellan a découvert ce détroit, et a  effectué le tour du monde par la mer. en 3 ans.


Le bâteau de Magellan
Gare à celui qui approche!



Et bien sûr, nous allons voir une colonie de pingouins! sur l'île de Magdalena : à 2 heures de bâteau. Grand moment pour les enfants. et pour nous tous. 

Par Solène : 
La sortie sur l'île des pingouins était trop bien. Ils ont une démarche rigolote. 
Ils y avait beaucoup de pingouins, plus de 100 000 pingouins sur une minuscule île. 
Ils ne sont pas peureux, pourtant on marche au milieu d'eux. Il font des mimiques, comme s'ils voulaient faire la pause pour se faire prendre en photo.
Los pinguinos de l'île Magdalena : colonie de 54 000 couples

Une maman et son petit


Meute meute meute !


Par là-bas

Tant pis, je traverse
Pause photo


Ouf, ils sont enfin partis




jeudi 18 janvier 2018

La pêche en Patagonie, par Cyprien




Avant d'arriver au Chili, Papa m'a proposé de me mettre à la pêche car la Patagonie est réputée pour ses lacs et rivières.

En arrivant à Puerto Varas, nous décidons donc d'acheter le matériel nécessaire pour pêcher: on nous explique qu'il y a ici beaucoup de truites et de saumons, certains saumons feraient jusqu'à 1 mètre de long.


Nous décidons de pêcher à la cuillère, la technique la plus utilisée par les pêcheurs de Patagonie. Le principe est simple : une petite ou grande cuillère se trouve au bout de la ligne, avec un hameçon accroché. Dans l'eau, la cuillère va se mettre à faire des mouvements d'ondulation comme un petit poisson, ce qui va attirer le poisson : celui-ci va chasser sa proie et va attraper l’hameçon.


Ça ne marche pas à tous les coups :

à villa Santa Lucia une truite mal accrochée s'échappe,
une autre fois un poisson de 60,70 cm casse le fil et emporte l'hamecon
et pareil à Cochrane une truite s'enfuie juste au dernier moment.

Je pêche  pour la première fois après Puerto Varas mais l’hameçon se bloque dans les cailloux.

2eme fois il se bloque dans les algues.
3eme fois il se bloque dans les branchages.
Etc...

Car bien souvent il n'y a pas suffisamment de courant pour nettoyer les branches et algues.


Pas facile de pêcher en Patagonie. Mais j'aime beaucoup la pêche.


Voici notre liste de pêche:


Une canne à pêche et ses protections;

6 cuillères;
le moulinet;
un rouleau avec du fil;
et une boite pour ranger les cuillères.

Nous avons racheté un moulinet car les vibrations des pistes ont dévissés la fixation de la manivelle. et nous l'avons perdu en route.

Je prépare ma canne à pêche


mon matériel
à Cochrane, une petite truite a mordu puis finalement a réussi à s’échapper 


Sur notre lieu de bivouac, entre Puerto Natales et Punta Arenas
Sur le lac de Puerto Bertrand

Papa pêche une truite de 50 cm avec le rouleau
Joséphine apprend à pêcher au rouleau



ma plus grande truite : 48 cm!
J'ai dû aller dans l'eau en entier car encore une fois, l’hameçon reste bloqué




Avant Tortel


Finalement j'aurai pêché 7 truites en Patagonie, après plus d'une 20aine d'essais en lacs et rivières.



Je suis très content de ces moments passés à pêcher. J’espère connaitre le même bonheur en Nouvelle-Zélande et en Tasmanie.