mercredi 18 avril 2018

Le Nouvel an Khmer, ou 5 vélos dans la fournaise. Par Agnès.

Nous arrivons au Cambodge juste avant le Nouvel an khmer (bon Chaul Chhnam !!), 3 jours de festivités où le temps semble s'arrêter. Mois le plus chaud, avril nous offre des journées à plus de 35-40 degrés : on prendra de nouvelles habitudes, pour partir dès 7 heures du matin et arrêter de pédaler à 13 heures au plus tard.
Pitaya, ou fruit du dragon
Le passage frontière n'y a rien fait, on se régale toujours autant de fruits exotiques : depuis notre arrivée en Asie c'est un vrai bonheur.  Ananas, bananes miniatures, jaquier, fruit de la passion, pitaya, mangue, etc...

Le 11 avril, nous traversons donc le poste frontière de Prek Chak, le plus au sud : sans encombre. Un contexte tout à fait différent de ce qu'on avait vécu il y a 15 ans : très rapide, réglo, pas de négociation pendant des heures avec les douaniers.


Ce jour-là, nous longeons la côte : 31 km pour rejoindre Kep depuis Ha Tien.
à nous les pistes du Cambodge !





Séchage des crevettes sur la route... pas de commentaire!
Quelle quiétude dès nos premiers kilomètres au Cambodge : finies les routes bondées de scooters en rase campagne, fini le bruit, la pollution : ici on retrouve ce qu'est le calme, le silence, la joie de respirer tout simplement : la vue porte au-délà des habitations qui bordent la route, on aperçoit enfin de la végétation, des champs, de l'espace !!! Joie de pédaler de nouveau côte à côte, et non plus en file indienne. Moins de stress pour nous parents.



Il faut dire que le delta du Mékong était tout particulièrement dense. Dans cette région du globe ce n'est pas la mer qui gagne du terrain sur la terre, mais l'inverse : la quasi totalité de la superficie des maisons, montées sur pilotis, est sur l'eau; seule la façade donne sur la rue. Au Cambodge les maisons sont très vétustes, le plus souvent en bois renforcées par des tôles ondulées, mais il y a de l'espace autour.
Le pays contient à lui seul la population de Ho chi Minh. Changement d'échelle.





12h30, nous arrivons à Kep: juste à temps pour monter dans la dernière embarcation qui rejoint l'ile de Kaoh Tonslay à 13h. Nous y passerons 3 jours. Une île ravissante faite de plages de cocotiers, de sable fin, et d'une épaisse jungle. Aucune route ni construction n'est venue défigurer les lieux.

On se pose 2 nuits dans un bungalow fait de bois et paille. Baignades, noix de coco, hamac, pêche en mer et snorkeling avec l'embarcation traditionnelle d'un pêcheur, pancakes à la banane au petit dej, bref on prend des forces pour les prochains jours. De bons moments en famille.

En arrivant sur l'île de Koy Tonsay

Jeux de bouée


Le 13 avril, nous repartons à bord de l'embarcation traditionnelle, pour rejoindre Kep : ce jour-là, nous pédalons 23 km jusqu'à Kampong Trach. On se pose au coeur du village, près de la pagode. C'est là qu'on apprend que commence bientôt le nouvel an khmer. Il faudra être prudent sur les routes, car tout le monde afflue vers les campagnes pour se retrouver en famille. La capitale se vide pendant 3 jours. Cette fête religieuse est la plus importante fête de l'année au Cambodge : on célèbre la fin de la saison sèche et la fin des récoltes. 
  

Les villages se succèdent. 
Nous faisons des tas de rencontres touchantes. Toutes ces cuisinières, installées dans de minuscules échoppes en bord de route, toujours soucieuses de nous savoir bien servis. Les femmes faisant cuire le maïs sur un feu de bois, dans de grands marmites en bord de nationale. 
Ces nombreux enfants croisés, cette petite fille qui suit les jeux que lui "expliquent" les filles. en langage des signes. 


La petite fille de la patronne de cette guesthouse de Kampong Trach, tout juste 10 ans, qui fait l'interprète en anglais. Très très dégourdie. Je lui donne un paquet de lait en poudre que j'avais gardé dans mes sacoches depuis l'Australie. Denrée très rare ici. on n'en trouve pas. à défaut, des mamans dans les villages donnent à leur bébé du RedBull coupé à l'eau...
Ou encore cette jeune grand-mère à qui nous achetons deux gros paquets de gâteaux faits maison : elle me passe fièrement sa petite-fille au téléphone. Sa petite fille parle anglais! Je lis sur son visage la joie et la fierté d'une grand-mère heureuse de l'éducation de ses enfants. Je prends le combiné, on se parle 5 minutes, je lui dis combien les gâteaux de sa grd-mère sont bons. C'est tout. C'est simple. Touchant. Joie de pouvoir communiquer.
Je ne cite pas ce jeune papa, enseignant d'anglais au collège privé Saint François, qui pour démarrer la discussion me demande si je ne connais pas Olivier, à Paris (!). Rigolo. On échange un bon moment. Il vient passer le nouvel an khmer dans sa famille à Kampong Trach, lui et sa fille sont baptisés catholiques. Ici, 90% des catholiques khmer sont nouvellement baptisés.
Autre belle rencontre, alors que l'on parle d'aller voir l'assoc PSE (Pour un Sourire d'enfant) à Phnom Penh, nous rencontrons dans le minuscule village de Tani Sokmean, un cambodgien qui y travaille, au service social. Le hasard avec un grand P.

Samedi 14 avril : nous pédalons 37 km jusqu'au village de Tani.
C'est ce samedi que les festivités du Nouvel an khmer commencent : les familles préparent, astiquent et rangent l'intérieur des maisons. On décore le devant des maisons avec des ballons et on place des offrandes sur une table illuminée de bougies et de guirlandes lumineuses.



15 avril : nous pédalons 42 km, dont 20 km sur piste pour rejoindre Takeo. 
Notre rythme de croisière est entrecoupé de boissons fraîches et de nombreux "Hello!" lancés sur notre passage. Tout le monde nous salue amicalement en agitant la main droite, les gens interrompent leurs activités et les enfants s'arrêtent de jouer pour nous regarder passer. Toujours très excités de voir apparaître une famille d'européens à vélo sur ces routes.
Soya drinks : voilà ce qui nous fait avancer !
il fait chaud, très chaud : 35 à 40°C en milieu de journée.
Ce dimanche est le jour le plus important des festivités religieuses : les femmes se font élégantes, tout le monde se retrouve à la pagode du village voisin. 
Le trafic est dense sur la Route Nationale 2, on voit passer quelques ambulances, on nous dit à 3 reprises d'être particulièrement vigilants aux automobilistes qui boivent avant de prendre la route. Bref, rien de rassurant. On préfère bifurquer vers les pistes de campagne : hop c'est décidé, 1ère à droite, on tourne sur la piste qui va plein Est pour rejoindre Takeo d'où nous attraperons un train pour faire les derniers kilomètres qui nous séparent de Phnom Penh.
Nous rencontrons quelques mauvaises surprises avec du sable sur plusieurs centaines de mètres (pas facile à vélo...!), mais au final ça n'est que positif. La piste est calme. Arrivés dans un hameau reculé, on passe devant une école anglaise, où l'on discute avec une bénévole irlandaise. Elle passe 6 mois ici. Pour l'association Hope Agency. 
On passe devant de nombreux vat, 5 pagodes au total. On se reçoit de la farine en passant devant les vat : c'est la tradition. Pour marquer la fin des récoltes. Parfois, on se jette de l'eau.
Nous déjeunons sur place, dans une des pagodes. 
On fête la fin de la saison sèche et la fin des récoltes. Pour marquer l'événement, on s'arrose de farine.

Nous arrivons dans l'après-midi au village de Takeo pour y passer la nuit.


Le traditionnel Phô (soupe de nouilles, salade et poulet)
Etape dans le village de Takeo
Lundi 16 avril, nous attrapons le train de 11h30 (le seul de la journée) pour Phnom Penh. Après 4 heures d'attente sur le quai. Les informations des cambodgiens sont toujours très floues, on nous dit 9h, 12h, en fait on n'est jamais trop prudent ici. On y est dès 7h30 le matin. Pour faire une heure de trajet...
En embarquant les vélos dans le train pour Phnom Penh
dans le train
Dès notre arrivée devant la gare de Phnom Penh, on est très surpris avec Laurent : la ville s'est considérablement transformée. Nous y étions venus en 2003, de capitale tranquille Phnom Penh est passée au statut de ville champignon. Méconnaissable. 
à la faveur des investisseurs étrangers, chinois, canadiens et j'en passe, des quartiers entiers ont été rasés pour laisser place à de grands gratte ciels, des centres commerciaux ultra-modernes aux prix quadruplés par rapport au train de vie classique. Galeries commerçantes et cafés restaurants sont noirs de monde. Aucun européen, que des locaux. 
On ressent que les cambodgiens veulent acquérir des signes de richesse : au 1er rang les voitures. Partout des voitures flambant neuves. Il y a 15 ans, la circulation ici était composée de 2 roues essentiellement tuks tuks, scooters, puis quelques véhicules officiels ou voitures taxi, c'est tout. 
On se trouve dans une capitale en plein essor, avec des boutiques design et des bars branchés, ça fait drôle.
Phnom Penh. Quartier de la gare
Depuis lundi, nous arpentons les rues de la capitale. Quelle joie de retrouver la vie citadine! Restaurants, marchés, travail de classe, dictées, visites (nombreuses visites). On en profite pour ré-équilibrer les choses quand on est dans les villes, notamment sur l'aspect culturel. 
Au programme de ces 3 jours : le Palais royal, la Pagode d'argent, le musée national khmer, le marché russe et le central market, bibliothèque de l'Institut français du Cambodge, musée du génocide pour Laurent et les 2 grands, etc etc... bref pas le temps de s'ennuyer.
Nous irons certainement à PSE (Pour un Sourire d'enfant) fondée par Christian et Marie France des Paillères, connus pour leur film Les Pépites. Une merveilleuse ong : j'ai contacté Anthony qui y travaille, dans le cadre du programme ICAP (activités artistiques, sports, danse, jeux). à suivre.
Visite du Palais royal ce mercredi 18 avril
Fleur de l'arbre de sala, au Palais Royal
L'éléphant blanc surmonté du siège du Roi
Central Market





8 commentaires:

  1. Bravo pour votre courage dans cette chaleur que nous imaginons très forte.
    Nous comptons sur vous pour le festival à vélo le 9 février 2019. La date est déjà fixée.
    A bientôt. Marcellin et Anne

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  2. Coucou á vous 5 que de belles photos des fruits delicieux et beaux .
    Que de courage avec cette chaleur de plomb vous avez des mines superbes .
    On vous embrasse tres fort

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  3. Coucou les Bru. Nous nous demandons où est le P de hasard ☺. En tout cas c'est un bon coup de la Providence ! Les mutations économiques rapides comme à Phnom Penh posent question... C'est comme ça. Nous vous embrassons, courage pour affronter les températures élevées !
    Charlotte et cie

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  4. Isabelle Lévêque25 avril 2018 à 10:05

    Reportage toujours aussi passionnant!
    Merci.

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  5. Quelle aventure incroyable, chouette de découvrir l'Asie à travers vos reportages ;), mille bravos, nous sommes ébahis ! Au sujet des dictées quotidiennes, n'oubliez pas qu'ici il y a des vacances scolaires ; ) Helene

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  6. Coucou la petite famille ! Heureux, très heureux de lire - et vivre un peu- la suite de votre voyage ! Un énorme bisou à Joséphine, Cyprien et Solène ! Bonne route, et belles découvertes ! Daniel et Isabelle (Patagonie)

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  7. Bonjour!!!
    après tous ces tours de roues on vous sent plus que jamais dans le rythme et le plaisir du voyage à vélo.Vous allez rentrer quand même? C'est merveilleux de voir grandir les enfants sur les vélos.Et tous ces apprentissages...ils vont pouvoir sauter des classes!
    Que le voyage continue à vous protéger et vous épanouir!
    On pense bien à vous régulièrement...
    On vous embrasse très fort!
    Véro et Lucien


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  8. Coucou, tout d'abord MERCI pour ton invitation au pique-nique mais je ne pourrais pas être présente, je continue à vous suivre, toujours aussi extraordinaire de découvrir grâce à vous ces beaux paysages et de voir vos mines réjouies et bronzées!

    PROFITEZ BIEN de la fin de votre aventure.

    Bises

    YANNICK

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