Après une pause réparatrice chez Damien et Agnès, nous repartons à vélo le lundi 29 janvier en direction du Northland (nord d'Auckland). Le but, ambitieux, étant de rejoindre la "Bay of island" au bout de 10 jours afin d'y retrouver nos amis Florian et Claire venus avec leur trois enfants depuis la France.
Nous savions que cela serait difficile avec beaucoup de reliefs, des reliefs peu élevés mais très hachés et denses. Pour faciliter notre sortie du centre de Auckland, nous avions prévu de prendre un ferry qui nous amenait plus au nord, à Gulf Harbour. Mais ça commence plutôt mal : on nous apprend que les ferry restent à quai aujourd'hui : ce lundi est férié. C'est la fête anniversaire de la création d'Auckland.
Cela signifie que nous allons devoir remonter toute la banlieue d'Auckland à vélo. Nous réalisons très vite que la région est particulièrement "hilly". On pousse nos vélos très souvent dans les longues côtes qui se répètent à longueur de journée sous un soleil intense et un air chargé d'humidité.
Notre journée se termine à Red Beach dans un camping en bord de mer. Exténués, nous ne profitons pas de la plage. Le camping sauvage étant strictement interdit, nous n'avons pas vraiment le choix : nous devons atteindre un camping tous les soirs. Les enfants se réjouissent de retrouver à chaque étape des trampolines et autres installations de jeux que l'on trouve dans les campings de NZ.
Le lendemain, nous repartons en nous efforçant de longer la belle côte, mais la route est très passante. Nous ne sommes pas rassurés du tout. A midi nous faisons une longue pause et essayons de reconsidérer notre itinéraire. On poursuit donc sur de petites routes qui parfois se transforment en piste. Les paysages sont verdoyants, les arbres fougères nous accompagnent tout le long de la route. Parfois des élevages de vaches ou moutons dans de belles prairies.
Notre nouvelle enceinte blutooth égaye notre trip. Les enfants réclament de la musique qui donne punch et courage. Notre caravane pédale au rythme des MP3 ! Et puis le drame ! Laurent, le chef topographe réalise qu'avec un tel manque de concentration, il a commis une erreur d'itinéraire de 10 km ! En ces lieux escarpés, c'est abominable. Il faut revenir en arrière. Je suis honteux devant mes enfants si courageux qui ne rechignent quasiment pas. La musique est éteinte sans discussion. Le moral n'est pas au top.
Nous revenons sur nos traces et attaquons une longue ascension en poussant nos vélos, encore et encore. A un moment donné, une voiture folle surgie sur la piste caillouteuse. La propulsion fait déraper le bolide. Je hurle à Agnès et Joséphine de se pousser dans le fossé. Cyprien en fait de même. La large voiture américaine nous passe devant sans ralentir, dans des crissements de pneu insupportables. Cyprien aperçoit le conducteur et son amie pris de fous rire. Ils ne réalisent pas qu'avec leur jeu incensé ils auraient pu nous faucher. Le moral en prend encore un coup. Finalement nous arrivons à Puhoi, petit village tranquille en bord de rivière. Le camping y est interdit. Tout semble interdit en Nouvelle Zélande avec des panneaux d'interdiction à chaque coin de rue. Mais nous outrepassons et plantons notre tente dans l'herbe: 3 personnes différentes rencontrées à proximité nous disent qu'il n'y a aucun problème, très souvent les campeurs s'installent ici.
Ce soir là, on en a un peu marre. Et puis, le voyage nous offre toujours de bonnes surprises. Alors que Cyprien et moi prenons une douche en slip de bain sous une eau fraîche en pleine nature, une douce créature nous apparait comme dans un rêve. Elle s'appelle SUZANA. Charmante slovaque qui entreprend sac au dos une longue traversée du pays. Elle surgit ainsi de nulle part et semble rechercher un bivouac pour la nuit qui s'annonce. En bon gentleman, nous la convions à rejoindre notre campement. Et voici que la soirée s'anime autour du récit de nos aventures respectives.
Le lendemain, après la pause traditiopnnelle dans l'épicerie locale, nous rejoignons Warkworth. Un splendide magasin de pêche permet de réparer la canne à pêche de Cyprien. Pendant ce temps, Agnès déniche un camping à Sandspit sur la côte. Nous nous y rendons en longeant une route très passante. La pluie s'installe de plus en plus. Le ciel est bas. L'éclipse totale de lune de ce 31 janvier, 1ère d'une série de 4 en 2018, ne sera pas visible dommage. Au petit matin, la tente est trempée. nous nous rendons à l'évidence avec Agnès : le voyage à vélo vers le nord ne pourra pas continuer ainsi. Trop de relief, trop de trafic et la météo nous annonce une très longue période pluvieuse avec de sérieuses averses.
Voyager à vélo, c'est s'adapter au jour le jour aux éléments, au contexte. Nous décidons donc d'abandonner l'idée de rejoindre Bay of Islands à vélo et nous concentrer sur les spots à voir autour de nous. On se dirige donc vers Leigh avec sa réserve marine, connue pour la plongée. On se pose deux jours dans un camping occupé essentiellement par des maoris.
Nage au milieu des poissons, snorkeling, pêche miraculeuse à Leigh... les enfants sont heureux. Mais les averses arrivent et s'intensifient sérieusement au point d'obliger l'évacuation d'une colonie de vacance du camping au milieu de la nuit. Nous devons aussi pousser des camping-car qui s'enlisent. Notre frêle toile de tente est complètement détrempée, ça goutte à l'intérieur. Il faut prendre une décision avec une météo résolument pluvieuse pour les 10 ou 15 prochains jours.
Finalement on décide de rattraper un bus direct pour Auckland. On sort ensuite notre Jocker: CARAGH !!! Cyclo rencontrée sur la Carrestera Austral, elle nous a reconnus dans les rues d'Auckland lors de notre arrivée. Elle avait insisté pour qu'on fasse appel à elle en cas de besoin. Nous voilà !!! Elle nous héberge de bon coeur et cela nous permet donc de préparer la suite. Caragh est professeur de chimie au lycée, d'origine irlandaise et récemment installée en Nouvelle Zélande. Elle dégage une énergie incroyable. Elle est adorable.
On décide donc de louer une voiture afin de poursuivre notre trip malgré les averses continuelles.
Aux commandes de notre Nissan blanche, nous quittons notre compagne pour rejoindre nos amis lotois accompagnés ce jour-là de la famille de Damien et Agnès (d'Auckland) sur le site de Tawharanui avec sa réserve ornithologique et sa plage paradisiaque. Nous sommes comblés de partager ce moment avec nos amis de l'autre bout de la terre. Damien et Agnès se régalent tout autant que nous.
S'en suit alors quelques jours avec la famille Decaux, mais Joséphine se réserve le plaisir de vous conter ces 4 fabuleux jours.
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